LA DRÉPANOCYTOSE: Une maladie silencieuse qui fait encore trop de victimes

Alors que la saison des pluies apporte la joie aux agriculteurs, elle est synonyme de souffrance pour les personnes atteintes de drépanocytose. Cette maladie génétique incurable, souvent ignorée, continue de faire des ravages silencieux.
La drépanocytose est une maladie génétique du sang, héréditaire, qui affecte principalement les populations originaires d’Afrique, d’Amérique du Sud, des Caraïbes et d’Inde. Elle touche l’hémoglobine, une protéine essentielle contenue dans les globules rouges. Chez les personnes malades, ces globules adoptent une forme de faucille au lieu d’être ronds et souples. Cette altération les empêche de circuler correctement dans le corps, provoquant des obstructions vasculaires, des crises de douleurs intenses, de l’anémie sévère, et de graves complications comme des accidents vasculaires cérébraux (AVC), des infections récurrentes et des atteintes d’organes vitaux.
Le froid et l’humidité sont des facteurs aggravants. Ils provoquent une vasoconstriction qui réduit le flux sanguin et l’apport d’oxygène aux tissus, déclenchant ou intensifiant les crises. L’humidité corporelle, en particulier, fragilise davantage les globules rouges, augmentant ainsi le risque d’obstruction.
Les conséquences sociales de la drépanocytose sont lourdes pour les familles : retards ou abandons scolaires, hospitalisations fréquentes, coûts élevés des médicaments, examens réguliers et transfusions. Ces dépenses sont d’autant plus difficiles à supporter que la majorité des familles béninoises ne dispose pas d’assurance maladie. Pire encore, des croyances populaires assimilent parfois la maladie à une malédiction ou à une faiblesse, entraînant stigmatisation, honte et isolement pour les personnes atteintes et leurs proches.
« C’est à la naissance de notre fils, atteint de drépanocytose, que ma femme et moi avons découvert que nous étions tous deux porteurs du gène », raconte Aziz, les larmes aux yeux. « Notre enfant était constamment malade. Le regret nous rongeait au quotidien. Nous avons vendu notre maison et épuisé toutes nos économies pour lui garantir une meilleure santé, en vain… »
Malheureusement, les initiatives de prévention peinent à se concrétiser. À l’Université de Parakou, par exemple, un test de dépistage gratuit avait été annoncé mais n’a finalement pas porté son fruit, faute de logistique. De telles initiatives, pourtant vitales, se soldent trop souvent par l’échec ou l’abandon, privant ainsi une partie de la population d’un accès essentiel à l’information et au dépistage.
Il est impératif que l’État vienne en aide aux victimes de la drépanocytose, notamment en rendant les tests de dépistage gratuits et accessibles dans tous les hôpitaux, et en assurant la disponibilité et la gratuité des médicaments essentiels. Parallèlement, il est crucial de sensibiliser les jeunes à l’importance du dépistage systématique avant de s’engager dans une relation sérieuse ou un mariage, afin de prendre des décisions éclairées et de prévenir la transmission de la maladie.
La drépanocytose tue en silence. Agir maintenant, c’est sauver des vies demain.
Nabilatou IMOROU ALASSANE (Stg)