DÉMISSION DE SÉBASTIEN LECORNU: 27 jours à Matignon, record d’éphémérité sous la Vᵉ République
C’est déjà terminé pour Sébastien Lecornu. Moins d’un mois après sa nomination comme Premier ministre de la France, l’ancien ministre des Armées a remis sa démission ce lundi 6 octobre à Emmanuel Macron. En poste depuis seulement vingt-sept jours, il entre dans l’histoire de la Vᵉ République comme le Premier ministre au mandat le plus éphémère.
Dès sa nomination, Lecornu avait hérité d’un défi politique de taille : former un gouvernement capable de satisfaire les oppositions, tout en rompant avec les pratiques de l’ère précédente. Mais ce nouveau gouvernement, très critiqué pour ses ressemblances avec celui de François Bayrou (écarté à cause d’une motion de censure) n’a pas réussi à convaincre. L’absence de renouvellement notable et le maintien de figures politiques controversées ont rapidement alimenté la méfiance, y compris au sein de la majorité.
Ce départ lui vaut un titre dont il se serait bien passé : celui du Premier ministre ayant exercé le plus brièvement dans l’histoire de la Vᵉ République.
Avant lui, plusieurs Premiers ministres avaient connu des mandats courts, mais aucun n’avait été poussé vers la sortie aussi vite après la formation d’un gouvernement. Parmi les cas les plus notoires :
Michel Barnier, dont le passage n’a duré que quelques dizaines de jours, avant d’être renversé par une motion de censure.
Bernard Cazeneuve (cinq mois en 2016-2017) ou Gabriel Attal (quelques mois en 2024) ont connu des mandats courts, mais Lecornu est le premier à être confronté à un rejet si rapide et à démissionner avant même l’engagement d’une motion de censure suite à la formation de son gouvernement.
La démission de Sébastien Lecornu survient dans un contexte de forte instabilité gouvernementale : c’est le quatrième Premier ministre sous Macron depuis 2024. Le pays se trouve de plus en plus confronté à l’absence de majorité claire au Parlement, à des fractures politiques internes, et à des attentes fortes de rupture ou de réforme qui tardent à se concrétiser.
Le départ soudain de Lecornu interroge sur la capacité de l’exécutif à proposer une gouvernance durable et à restaurer la confiance dans un régime souvent critiqué pour la courte durée des gouvernements successifs. On observe déjà des appels, tant de la gauche que de la droite, à des élections anticipées ou à une réforme profonde du mode de nomination et d’organisation du gouvernement.
Géraud ADOUKONOU
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