octobre 3, 2025

CONTRAT DE BAIL AU BÉNIN: Les locataires entre le marteau et l’enclume

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Derrière les façades parfois colorées des habitations béninoises se cache souvent une réalité sombre et peu abordée : celle de la souffrance quotidienne des locataires. Pris en étau entre des loyers qui grimpent en flèche et des conditions de vie souvent indignes, des milliers de béninois subissent un véritable calvaire, loin des regards et des préoccupations officielles.

Le premier cri d’alarme vient du portefeuille. Dans les grandes villes comme Parakou, Cotonou ou Abomey-Calavi, les loyers ont atteint des sommets vertigineux, déconnectés de la réalité des revenus moyens des ménages appuyés par les conditions des agents immobiliers « démarcheurs ». Une concession décente peut facilement coûter entre 20 000 et 60 000 FCFA par mois.

« Mon salaire est de 50 000 FCFA par mois, et mon loyer est de 25 000 FCFA, » confie Jeune Fort (nom d’emprunt), fonctionnaire à Parakou. «Il me reste 25 000 FCFA pour la nourriture, le transport de mon enfant à l’école et toutes les autres dépenses. C’est un combat de tous les jours.» Cette situation pousse de nombreuses familles à se serrer dans des espaces exigus, voire à cohabiter dans des conditions de promiscuité alarmantes, au détriment de leur intimité et de leur dignité.

Les propriétaires fixent leurs prix sans véritable contrainte, profitant d’une demande toujours plus forte que l’offre. L’absence de régulation et les clauses abusives imposées par certains propriétaires aggravent encore cette tension, laissant les locataires à leur merci.

Au-delà de la question financière, les locataires sont également confrontés à des conditions de logement souvent précaires. Problèmes d’approvisionnement en eau, disponible d’électricité, insalubrité des lieux, installations défectueuses… la liste des griefs est longue. Les relations entre propriétaires et locataires sont souvent déséquilibrées, ouvrant la porte à des abus monnaie courante : demandes de cautions exorbitantes (parfois jusqu’à 6 mois de loyer, en violation des textes en vigueur), expulsions arbitraires, refus de délivrer des quittances de loyer, coupures d’eau ou d’électricité abusives pour forcer un départ.

Une victime, Victoire (nom d’emprunt), témoigne avec lassitude : « Là où j’ai loué, c’est un tas de problèmes. Comme le propriétaire habite aussi dans la maison, c’est pénible. On n’a pas le droit de rentrer à moto, on nous reproche de crier trop, de ne pas baisser le volume de la télévision… C’est de l’exagération ! Si seulement on pouvait transporter nos maisons, personne ne serait locataire. »

Pourtant, le Bénin dispose d’un cadre légal censé protéger les locataires. La loi n°2018-20 du 18 juin 2018 portant code foncier et domanial en République du Bénin contient des dispositions relatives aux baux d’habitation. Cependant, la faible application de ces textes, le manque de sensibilisation des populations et l’absence de mécanismes de recours efficaces laissent les locataires dans une position de grande vulnérabilité.

La souffrance des locataires, notamment à Parakou et dans les grandes agglomérations, n’est pas un phénomène nouveau, mais elle s’intensifie. Il est urgent d’agir pour garantir des conditions de logement dignes et équitables pour tous les Béninois.

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