DEUIL DANS LE MONDE CULTUREL À PARAKOU: Le gong d’Abdoulaye MAMA GOGUE a bégaillé

On s’attendait encore à entendre résonner la vive voix de l’acteur culturel baatonou pendant longtemps. Mais malheureusement, la mort l’a frappé et éteint le bon son que libère son gong. Il n’est plus. Le vieux Abdoulaye MAMA GOGUE, modernisateur de la danse Têkè a tiré sa révérence ce vendredi 2 avril 2021 à 23h à Parakou à lâge de 72 ans.
C’est avec consternation que les gentilés de Parakou ont appris la nouvelle ; la disparition d’Abdoulaye MAMA GOGUE parmi les siens.
Si pour Amadou Hampâté Bâ « un vieillard qui meurt en Afrique est une bibliothèque qui brule », pour les acteurs culturels en général et ceux de l’ère culturelle baatonou en particulier, c’est tout un musée qui est parti en fumée.
Baptisé « ici c’est pas Cotonou, ici c’est Parakou », Abdoulaye MAMA GOGUE a su mettre du sien dans la danse Têkè pour la moderniser.
Très sollicité pour son savoir-faire lors des grands événements, Abdoulaye MAMA GOGUE ne pourra plus jamais répondre à ces appels.
La nouvelle de son décès est reçue avec une grande désolation et tristesse par les acteurs de la culture dans la cité des Kobourou. Rodrigue GOTOVI exprime son sentiment: « la nouvelle de la disparition du patriarche GOGUE Abdoulaye est un choc pour moi. Car il s’agit d’une perte énorme qui touche à notre Patrimoine Culturel. Bagoudou est un détenteur du savoir qui a promu les rythmes endogènes notamment le Têkè auquel il a apporté une touche artistique particulière qui rend ses performances atypiques. Il y a moins d’une semaine, il était encore sur scène. On était loin d’imaginer qu’il nous disait « adieux ». Vous comprenez donc le degré du choc d’apprendre son départ ».
Emporté par une courte maladie selon nos sources, son inhumation a lieu ce samedi, conformément à la tradition musulmane au quartier Gah de Parakou.
Un baobab s’en est allé et assurément son vide se fera sentir dans l’arène de la danse Têkè. Rodrigue GOTOVI : « je pense que c’est la promotion de la culture baatonou qui prendrait un coup. Car pour en arriver à ce niveau, c’est un long travail et le vieux Bagoudou était non seulement un grand travailleur mais surtout un coach pour le groupe An Koua Mon. Sa disparition est forcément un coup. Mais je pense qu’avec le travail fait, le savoir transmis, les autres membres du groupe continueront le travail afin de poursuivre l’uvre et pourquoi ne pas continuer d’imposer le groupe dans l’environnement Culturel du Bénin et du Monde. Ainsi, l’oeuvre de Bagoudou sera pérennisée au grand bonheur non seulement des fans mais du patrimoine culturel baatonou. »
Il ny a pas que les culturels qui sont ébranlés par cette triste nouvelle. L’ex Premier Vice Ministre d’État François ABIOLA a reçu sa mort le cœur meurtri: « oh la la ! Cest un grand choc parce que lors de mon dernier passage à Parakou, j’avais tellement insisté qu’on lui rende hommage de son vivant et je proposais à la faculté des Lettres d’organiser à son intention un événement. Sa mort est d’ailleurs une raison de plus pour concrétiser ce projet même si le contexte diffère désormais. »
Les mots ne suffiront pas pour parler de lui car, « c’est un grand homme qui sait façonner le Têké à sa manière pour mettre de l’ambiance » précise François ABIOLA.
Pour pérenniser tout ce beau talent d’Abdoulaye MAMA GOGUE, l’ex Premier Vice Ministre d’État promet prendre contact avec le doyen de la faculté pour réaliser ce projet proclamé haut et fort lors de son dernier passage à l’Université de Parakou.
Seul ce qui nous ressemble nous rassemble et il est grand temps de se tenir tous debout comme un seul homme pour rendre hommage digne du nom à cet acteur de la culture baatonou qui sans nul doute, a laissé une histoire.
La mort, sans avertir, frappe, emporte et une fois encore, elle vient d’obscurcir le ciel sur les parakois ; et dans cet esprit, il n’y a que les mots de condoléances pour soutenir la famille. Paix à l’âme du disparu.