DEVOIR DE MÉMOIRE: 16 JANVIER 1977-16 JANVIER 2022: Une occasion de chute aux bénino-gabonais en 1978

(Un rapatrier relate les faits)
Le 16 janvier 1977 est un jour inoubliable dans la vie de tous les béninois. En ce jour, les mercenaires avaient pour objectif de déstabiliser le régime Kérékou. Mais contre toute leur attente, ils étaient mis en déroute à cause de la force souveraine des filles et fils du pays, qui ne voulaient en aucun cas, voir leur pays possédé. Mais après cette victoire triomphale, les béninois vivant au Gabon vont subir les représailles politique un an plus tard. Quel lien avec cet événement historique du Bénin? Lisez ce article pour découvrir.
Je réponds au nom de Méglého Paul Houndjo.
Nous avons vécu au Libreville Gabon jusqu’à 1978. Tout allait bien jusqu’en 1978 où une situation catastrophique nous a frappé. Nous avions subi les représailles de la guéguerre entre le Président gabonais d’alors Omar BONGO et celui béninois feu Général Mathieu KEREKOU. Tout est parti du discours du Président Kérékou à la tribune de l’OUA et de la réponse du Président Bongo. Le Général Mathieu Kérékou a profité de la réunion pour reposer le problème du soutien du Président Bongo à la tentative de coup d’Etat contre son pays le 16 Janvier 1977. Les exactions ont démarré lorsque le Président Omar Bongo est rentré à Libreville. Dans son discours à l’aéroport même, il a annoncé illico, l’expulsion de tous les béninois résidents au Gabon. Dieu seul sait combien sont-ils ces béninois à perdre la vie dans cette affaire. On nous a installé à l’aéroport avec les quelques bagages qu’on pu sauver dans l’attente d’avions trop peu nombreux pour nous emmener tous. Des odeurs repoussante s dues à l’absence de conditions d’hygiène alimentaires, les manquent de nourriture, les bébés et les jeunes enfants qui hurlaient, les malades qui gisaient sur le sol sans soins. La police a encadré l’aéroport et les incidents sont nombreux. La police tapait sur la foule dès qu’il y a le moindre signe d’agitation. Nous, innocents avions payés.
Suite à cela, des gouvernements ont essayé de revendiquer notre cause pour ne serait-ce un dédommagement. Plus tard, le gouvernement gabonais aurait réagi en envoyant quelques milliards de francs. Dans notre détresse et ne sachant à quel saint se vouer, nous avons pas pu obtenir des pièces nécessaires pour preuve. Mais jusqu’à cette date où je vous relate les faits, aucun des gouvernements n’a songé faire un bilan matériel, financier, humain avec nous. Le ministère des affaires étrangères, celui de l’économie et des finances du Bénin, n’a depuis ce temps, jusqu’à ce jour dédommagé personne au vu des affres subits, la perte de nos biens, les décès enregistrés. Dans cette course de chasse à l’homme, j’ai pu mettre la main sur quelques documents. Nous avons aussi connaissance de la somme de dédommagement que le Gabon a envoyée. Mais qui pour nous sauver?
Dans une telle condition, l’idéal serait de former un collectif des rapatriés du Gabon en 1978. Mais jusqu’aujourd’hui, ce collectif n’a pas obtenu satisfaction. Bien au contraire, nous ne faisons qu’enregistrer de morts jour après jour. Depuis que j’ai été informé et inséré dans le collectif, je peux dire qu’on a pu saisir Maître Joseph DJOGBENOU, avocat et ensuite président de la cour. Avec lui, tout semblait aller dans le bon sens. Mais depuis son élection à la Cour Constitutionnelle, malheureusement tout est arrêté. Nous mourrons, nous sommes désespérés, les enfants qui étaient des tout-petits, aujourd’hui sont déjà pères et mères de famille et pendant ce temps, notre situation n’a bougé. «Jusqu’à quand serons-nous délaissés ? La mort ne prévient pas. Devons-nous tous mourir avant que justice ne soit faite ? Devons nous payer aussi ces représailles politiques avec notre vie ? Qu’avons-nous fait ? Je suis à bout de réflexion» s’indigne-t-il.
Ces personnes ayant bien vécues cette scène, n’ont pu trouver un secours jusqu’à ce jour. Mais le Président Talon en homme qui «connait le pays», peut se saisir de ce dossier afin de rendre justice.