octobre 3, 2025

FÊTE DE L’IGNAME AU BÉNIN: Entre tradition, modernité et enjeux de développement

0
IMG-20250818-WA0074

Dans les champs du Bénin, la terre offre ses trésors. Chaque année, la fête de l’igname, une célébration ancestrale, marque la fin de la récolte et le début d’un nouveau cycle. Au-delà des rituels et des saveurs, cette tradition millénaire est le miroir d’une société qui oscille entre un riche passé et les défis de la modernité. Entre rites sacrés et selfies sur les réseaux sociaux, cette fête est un pont vivant entre les générations, une ode à la gratitude et une fenêtre sur les enjeux économiques et culturels d’une nation en pleine transformation.

Un héritage sacré et immuable

La fête de l’igname est profondément ancrée dans les traditions des peuples Nagot, Bariba ou Idatcha. Pour ces communautés, l’igname, ce tubercule imposant, est le « roi des aliments », un symbole de fertilité, de prospérité et de force. La célébration n’est pas un simple repas ; c’est un moment de communion avec les ancêtres et les divinités qui ont veillé sur les récoltes. Les rituels, menés par les chefs coutumiers et les prêtres vodoun, sont précis et immuables. On ne consomme pas la nouvelle igname avant que le premier tubercule n’ait été offert en sacrifice. Les danses, les chants et les percussions rythment ces journées, créant une atmosphère de ferveur et de joie collective.

La tradition à l’ère du numérique

Aujourd’hui, la fête de l’igname se réinvente. Si les traditions restent le cœur de l’événement, la modernisation y a laissé son empreinte. Les jeunes, armés de leurs smartphones, partagent en direct les moments forts sur les réseaux sociaux, attirant l’attention d’un public plus large. Ce nouvel élan a également transformé la fête en un événement touristique, attirant des visiteurs curieux de découvrir cette richesse culturelle. Cependant, cette ouverture soulève une question cruciale : comment préserver l’authenticité de la fête face à sa commercialisation croissante ? L’équilibre est fragile, mais il semble que le Bénin ait trouvé la bonne formule pour honorer son passé tout en embrassant son avenir.

L’igname, pilier de l’économie béninoise

Au-delà de son aspect culturel, l’igname est un pilier de l’économie béninoise. Le pays est d’ailleurs l’un des plus grands producteurs du tubercule en Afrique de l’Ouest. Pour les agriculteurs, la fête est la consécration d’une année de travail acharné. Néanmoins, leur labeur est confronté à de nombreux défis : les effets du changement climatique, la nécessité d’utiliser des techniques agricoles plus modernes et la gestion post-récolte pour éviter les pertes.

La fête de l’igname, c’est finalement l’histoire d’un peuple qui continue de cultiver ses racines tout en s’ouvrant au monde. Elle prouve que la tradition peut être une force vive, capable de nourrir le corps, l’âme et l’économie d’une nation.

Rebeca GOUNOU (Stg)

1/5 - (1 vote)

À propos de cet auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *