HISTOIRE DU 16 JANVIER 1977 AU BÉNIN: Que sont devenus les rapatriés du Gabon en 78?

L’histoire réveille tous les esprits chaque 16 janvier. Ce jour marque l’événement du coup d’État contre le régime Kérékou en 1977 et le début du calvaire des gens paisibles qui doivent subir les représailles politiques. Les béninois vivant au Gabon à cette époque tout comme le Président feu KÉRÉKOU, n’ont pas de bons souvenirs de cette période funeste.
Histoire d’une victime
J’ai vécu au Libreville Gabon de 1972 à 1978. Tout allait bien jusqu’en 1978 où une situation catastrophique nous a frappé. Nous avions subi les représailles de la guéguerre entre le Président gabonais d’alors Omar BONGO et celui béninois le Général Mathieu KEREKOU. Tout est parti du discours du Président Kérékou à la tribune de l’OUA et de la réponse du Président Bongo.
Le Général Mathieu Kérékou a profité de la réunion pour reposer le problème du soutien du Président Bongo à la tentative de coup d’Etat contre son pays le 16 Janvier 1977. Les exactions ont démarré lorsque le Président Omar Bongo est rentré à Libreville. Dans son discours à l’aéroport même, il a annoncé illico, l’expulsion de tous les béninois résidents au Gabon. Dieu seul sait combien sont-ils ces béninois à perdre la vie dans cette affaire. On nous a installé à l’aéroport avec les quelques bagages qu’on pu sauver dans l’attente d’avions trop peu nombreux pour nous emmener tous. Des odeurs repoussantes dues à l’absence de conditions d’hygiène élémentaires, les manques de nourriture, les bébés et les jeunes enfants qui hurlaient, les malades qui gisaient sur le sol sans soins.
La police a encadré l’aéroport et les incidents sont nombreux. La police tapait sur la foule dès qu’il y a le moindre signe d’agitation. Nous, innocents avions payés.
Suite à cela, des gouvernements ont essayé de revendiquer notre cause pour ne serait-ce un dédommagement. Plus tard, le gouvernement gabonais a envoyé à l’Etat béninois 16 milliards pour certaines langues et 15 milliards pour d’autres. Nous sommes donc convaincus qu’il y a au moins 14 milliards de francs qui nous sont envoyés pour dédommagement. Mais jusqu’à cette date ou je vous parle Monsieur le journaliste, aucun des gouvernements n’a songé faire un bilan matériel, financier, humain avec nous.
Le ministère des affaires étrangères, celui de l’économie et des finances du Bénin, n’a depuis ce temps, jusqu’à ce jour dédommagé personne. Vu les affres subit, la perte de nos biens, les décès enregistrés…(larmes).
Pour mieux vivre un fait, il faut retourner à son lieu du déroulement dit-on. Mais ici, pour mieux vivre cette histoire, il faut non seulement connaitre l’histoire mais également fait parti des familles ayant cette grosse pierre sur coeur.
Que sont-ils devenus?
Depuis 1978 à 2021 pour ceux qui ont la grâce de longs jours, rien. Personne n’a statué sur le dossier. Des morts, des grabataires, des gens sans boussole. Pourtant, ils méritent une décision, entendre d’une bouche indiquée une nouvelle. Quarante trois ans déjà mais ne savent quel chemin emprunter.
La mémoire c’est ce qui permet à l’homme se souvenir d’un événement qui l’a marqué; une date estampille le fait et chaque date tout comme ce 16 janvier, les vivants dans cette situation ne peuvent s’en passer, faire table rase.