L’AFRIQUE ET SES RÉALITÉS D’ALORS: Le veuvage bannit dans les nouvelles pratiques

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Le veuvage est l’état juridique et social d’une personne dont l’époux ou l’épouse est décédé(e). Généralement en Afrique ce fait est accompagné de plusieurs rituels pour séparer de la personne vivante, l’esprit du défunt ou de la défunte.

Le décès du conjoint est l’un des moments de transition, particulièrement délicat à gérer. Autrefois encadrée par des rituels qui définissaient la période de deuil, la transition du veuvage apparaît aujourd’hui comme relevant exclusivement de la sphère privée : il n’y a plus de durée codifiée du deuil, ni de code vestimentaire particulier pour qui a perdu un proche.

Avec soin, il ou elle restait enfermé(e), éloigné(e) de tous et vêtu(e) en tissu noir pour partager ce moment de consécration. Mal fait, le sujet tombe sous le coup de la tradition et peut, plus tard, développer la folie ou autre caractère contraire à la nature. Selon chaque région, la durée varie de six à douze mois (régions du sud).

Au nord plus précisement en milieu baatonou, juste après le décès du mari, l’épouse observe le veuvage nous explique le Sociologue KOTO SERO SIME: « la femme est toujours considérée comme le bien de la famille ou de la communauté ce qui fait qu’en milieu baatonou, le premier mariage est considéré comme un événement non renouvelable. Le premier homme d’une femme est son homme de Dieu ce qui fait qu’on est bien scelé par les manes des ancêtres. Alors au décès de cet homme, il est obligatoire pour cette femme d’observer le veuvage; une consideration pour le défunt. »

Cette privation permet à la femme de briser le lien entre elle et son feu mari. Là, un nouveau monde commence. La famille de l’homme vient avec la tenue noire, la porte à la femme. Au dernier jour, la belle-famille revient encore avec une tenue blanche pour attester la libération de la femme d’avec leur enfant en milieu Éwé.

Même si la vie après le décès se fait en fonction des mœurs et coutumes de chaque ethnie, le monde actuel semble donner une autre histoire aux choses existentes. La multiplication des églises, les civilisations, le boycott des normes du mariage font fausse route au veuvage. Les jeunes filles n’épousent plus cette perception de la chose. Rencontrées dans la cité des kobourou, elles estiment que ce temps est ancien et ne doit plus continuer: « je ne pourrai pas observer le veuvage pour mon mari. D’ailleurs je suis une chrétienne et chez nous, c’est une abomination affirme Inès, une dame, la trentaine environ renchérit par Louise. Elle affirme: il n’y a pas que lui seul. C’est vrai la mort ne prévient pas mais si c’est moi il ne le fera pas. Qui ne connait pas les hommes d’aujourd’hui? S’interroge-t-elle. »

Le veuvage détient-il encore son côté sacré en cette ère?

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